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Je fabrique un humain – Épisode 2 : Qu’est ce qui m’arrive ? Partie 2.

  • perrineory
  • 3 mai 2024
  • 6 min de lecture

Pour moi, la plus grande torture, pendant ma grossesse, ça a été d’arrêter le sport. Bon j’avoue, j’ai joué mon dernier match de basket à 5 mois de grossesse, mais ensuite, fatalement, il a fallu que j’arrête, pour le bien de la crevette, et de l’aquarium (c’est moi, l’aquarium.).

Du jour au lendemain, mon ventre est apparu. Et je ne plaisante même pas, parce qu’on me l’avait dit plusieurs fois, qu’il sortirait d’un coup, mais c’est assez étrange quand ça vous arrive vraiment. À partir du sixième mois, je ne fermais plus le bouton de mes jeans et 2 semaines plus tard, c’est la braguette qui m’envoyait chier.

Et c’est à ce moment précis, que je suis passé dans la catégorie baleine impotente. En tout cas pour les gens autour de moi. « Assied toi », « ne porte pas ça », « calme toi, tu vas te fatiguer », « demande à ton mec », « arrête de courir »…

Ça a été l’une des choses les plus détestable pour moi pendant cette grossesse : me sentir diminuée.

Et puis c’est assez paradoxal finalement, parce que si vos proches et votre entourage débordent de sollicitude, ne vous laissant presque plus bouger un petit doigt, le reste du monde, lui, n’en a globalement rien à foutre de votre grossesse. Il ne vous laissera pas sa place assise dans le bus, ni lui passer devant dans la file, pourtant prioritaire, de n’importe quelle caisse. Il détournera le regard en vous voyant décharger vos sacs de courses de la voiture.


Pour ma part, jusqu’à la fin de ma grossesse, j’ai quasiment toujours fait la queue. Même à 8 mois, en pleine canicule, quand rester debout 20 minutes devenait compliqué. Je ne me sentais pas vraiment à l’aise de passer devant les gens, et les voir éviter soigneusement de croiser mon regard la plupart du temps, me donner l’impression d’être dérangeante, alors j’attendais.

Quelques fois, des personnes bienveillantes m’ont laissé passer, sans que je leur demande. C’étaient toujours des femmes avec des enfants.




C’est à partir du milieu du 7ème mois, que la grossesse a physiquement commencé à vraiment me peser. Je veux dire littéralement. 9 kilos de plus et un ventre qui suscitait deux formes de réactions, diamétralement opposées : les « Haaan, mais t’en as combien là-dedans ? » , contre les « Mais non, t’as un tout petit ventre, tu ne peux pas être à 7 mois ! ».

Il avait beau ne pas être très gros, il était lourd. Alors si j’ai pu voir mes pieds et mettre mes chaussures toute seule jusqu’au dernier jour, je commençais à être vraiment fatiguée.

J’avais mal au dos, le souffle court, monter les escaliers devenaient un défi, et même conduire devenait inconfortable.

Mais le pire, Mesdames et Messieurs, ce n’était pas de me mouvoir, non. Le pire, c’était d’essayer de trouver une position pour DORMIR.

Oh mon Dieu, quel enfer. Moi déjà, j’ai toujours dormi sur le ventre. Et d’ailleurs jusqu’à ce moment-là, je dormais encore sur le ventre. Mais au bout d’un moment, et après avoir googlisé 3 fois « peut-on écraser son bébé en dormant sur le ventre ? » (Réponse : NON), c’est devenu carrément impossible.

Sur le ventre, impossible. Sur le dos, vous avez l’impression qu’un cachalot vous écrase les entrailles. Sur le côté droit, ce n’est pas recommandé (une histoire de compression d’artère ou je ne sais quoi.). Donc il vous reste le côté gauche.

Heureusement, j’avais fait le meilleur achat de tous les temps concernant la grossesse : le coussin d’allaitement. Il me permettait de caler mon gros ventre, et ça devenait supportable.

Mais une fois que j’avais trouvé la position la moins inconfortable à défaut d’être idéale, c’était en général le moment parfait que trouvait la crevette pour me faire un spectacle de danse contemporaine dans le bide. Et ça bouge BEAUCOUP ces petites choses-là.

Contre toute attente, c’est d’ailleurs bien la seule chose que j’ai appréciée pendant ma grossesse, sentir mon bébé bouger.





Ca avait commencé au 4ièm mois, pour moi. J’étais dans mon bureau, quand une collègue m’a demandé « tu le sens déjà bouger ? », et véridique, deux minutes plus tard, j’ai senti son premier coup. Je pense qu’il devait déjà bouger, mais que je n’y avais jamais prêté attention, tellement c’était léger.

Ensuite, c’est devenu plus régulier, et de moins en moins léger. Il avait déjà des habitudes, des moments auxquels il bougeait plus que d’autres.


Forcément, le manque de sommeil et la fatigue physique, ce n’était pas l’idéal pour continuer à travailler dans des conditions optimales.

À savoir qu’en France, le congé maternité, c’est 16 semaines. 6 semaines avant la naissance, et 10 après. 10 semaines après, ça veut dire que votre enfant à 2 mois et demi quand vous reprenez le travail. Mais ça, j’en parlerai plus tard.

En ce qui concerne l’avant accouchement, vous êtes tenue de travailler jusqu’à 6 semaines avant la naissance, mais clairement, c’est infaisable pour certaines femmes.

Moi, je me suis arrêtée un mois avant le début de mon congé maternité. C’est mon gynéco qui a pris la décision, parce que j’aurais voulu travailler encore. Mais j’ai accouché en août et cette année, la canicule nous est tombée dessus dès juin. Avec 25 degrés dans les bureaux sans clim, c’était juste intenable.


Du coup, j’ai eu tout le loisir de me focaliser sur les milliards de questions qui m’assaillaient à longueur de journée, et particulièrement une, que les femmes me posaient souvent : « Tu vas allaiter ? »

L’allaitement. Le grand débat de l’humanité sur la maternité à notre siècle. J’ai vécu des moments assez particuliers, spectatrice des deux camps qui s’opposaient franchement, les pro allaitement, avec leur argument imparable de « c’est la nature » et les pro biberons, avec le non moins convaincant « On n’est pas des vaches ».

Et moi au milieu, avec zéro avis.

Comprenez-moi bien, aussi bien que je ne m’étais jamais vraiment imaginée dans un rôle de mère, mon imagination ne s’était même pas aventurée à visualiser nourrir un enfant. Et même une fois enceinte, je n’arrivais pas à réfléchir à ça.

Pour moi, tout est une affaire de représentations. Au départ, la plupart des femmes qui m’ont parlé d’allaitement, ma mère incluse, me l’ont présenté comme un truc chiant, pas pratique et pas facile. Je n’ai pas été allaitée, et je ne m’en suis jamais mal porté, apparemment. Naturellement, je penchais donc plutôt pour le biberon.

Mais en en parlant autour de moi, j’ai commencé à avoir d’autres versions, et à voir des personnes pour qui l’allaitement, c’était une évidence. Et finalement, ça m’a un peu influencée aussi.

Donc pendant la totalité de ma grossesse, mon avis a fluctué au gré des conversations.

En faveur de l’allaitement, il y avait : c’est bon pour le bébé, ça lui donne des anticorps, ça crée un lien particulier, pas besoin de se trimballer autre chose que mes seins, ça permet de perdre du poids plus vite et c’est gratuit.

En faveur du biberon : ça ne fait pas mal, c’est plus facile de contrôler ce que bébé boit, ça permet au papa de le nourrir aussi, bébé fait plus vite ses nuits, boit moins souvent et je peux le nourrir n’importe où sans avoir à sortir ma poitrine à tout bout de champ.

Parce que ça, c’est quand même le pompon. L’allaitement, c’est quand même la chose la plus naturelle du monde, c’est l’essence même de la vie, et pourtant même ça, les gens arrivent à le sexualiser et à le faire devenir dérangeant.





Rendez vous compte, depuis la nuit des temps, des femmes allaitent. Il n’y a rien de plus ancré dans notre nature humaine que le fait que le corps d’une femme produise de quoi nourrir son enfant.

Donner le sein, c’est le prolongement de donner la vie.

Et pourtant, dans notre jolie société de tolérance et de bienveillance, des femmes se font agresser lorsqu’elles allaitent en public. On leur reproche un manque de pudeur, quand les mêmes seins, étalés en 4 par 3 sur les panneaux publicitaires, deviennent un argument légitime pour vendre tout et n’importe quoi.

Les seins pour vendre des piscines ? Bien sûr ! Pour nourrir son enfant ? Couvrez ce sein que je ne saurais voir.

C’est un exemple assez concret de cette espèce de paradoxe sociétal qui pèse sur les femmes enceintes : « Quoi, tu ne veux pas allaiter ? Mais tu te rends compte, tu mets la santé de ton petit en danger », « Hein, tu vas l’allaiter ? Mais tu te rends compte, tu vas devoir montrer tes seins à tout le monde, et puis les seins, c’est pour les papas » (Je vous JURE que j’ai vraiment entendu cet argument.).


C’est ma sage-femme, qui portant bien son titre, m’a aidé à décider. À mon neuvième mois, elle m’a dit « L’allaitement, c’est très personnel. Si vous hésitez encore maintenant, c’est que, probablement, vous n’avez pas vraiment envie d’allaiter. ». Et elle avait raison.

Finalement, ma décision a été des plus claires quant à la naissance de ma crevette, après avoir accepté d’essayer de le mettre au sein pour la « tétée de bienvenue », je me suis rendue compte, toute seule, que ça n’était simplement pas pour moi.

 
 
 

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